Le 27 août 2017 à 03h50, la gendarmerie de Saint Geoire de Valdaine (38) était sollicitée sur la commune de Pont de Beauvoisin pour la disparition inquiétante d’une fillette de 9 ans, Maëlys DE ARAUJO, lors d’un mariage à la salle des fêtes communale : le mariage de cousins de ses parents avait été célébré le jour-même et fut suivi d’une réception dans la salle des fêtes de Pont de Beauvoisin (38). 

Lors de la fête donnée par les mariés, Maëlys avait été vue pour la dernière fois aux alentours de 02h30 par sa mère, Madame Jennifer CLEYET MARREL : elle jouait alors avec d’autres enfants et avait été aperçue régulièrement au cours de la soirée. Inquiète de ne plus la voir sa fille, Madame CLEYET MARREL avait alors alerté les invités, des recherches furent entamées vers 3 heures du matin par la famille et les invités encore présents [cote D6]. Maëlys n’ayant toujours pas été retrouvée à l’arrivée des gendarmes, un dispositif de recherche était mis en œuvre (hélicoptères, plongeurs, drones, chiens pisteurs…) : les chiens perdaient la piste de la fillette aux abords de la salle des fêtes, l’hypothèse retenue étant qu’elle avait dû probablement monter à bord d’un véhicule.  La photographie de Maëlys était alors diffusée par voie de presse, faisant l’objet d’une inscription dans la base des disparus d’Interpol.

Tous les invités de la cérémonie de mariage étaient entendus le dimanche 27 août 2020, parmi lesquels Monsieur Nordahl LELANDAIS, initialement non invité (selon le marié Eddy et son ami, Michael) dont certains invités avaient relevé le comportement « étrange » : sa première audition sera floue et évasive, Monsieur LELANDAIS, bien que se souvenant de la fillette, affirmant ne pas avoir discuté avec elle.

Entendu une nouvelle fois le lendemain, le lundi 28 août 2017, le même témoin disait avoir aperçu au cours de la soirée Monsieur LELANDAIS avec Maëlys, à l’extérieur de la salle des fêtes et l’avoir entendu lui dire « moi je passe par là mais tu passes par l’autre côté ». Il s’étonnait d’avoir appris que Nordahl avait affirmé lors de son audition avoir participé aux recherches, alors qu’il l’avait vu quitter les lieux avant qu’elles ne débutent. Enfin, il disait l’avoir vu le matin même de son audition, le 28 août, en train de laver sa voiture à la station de lavage automobile du Leclerc de Pont Beauvoisin [cote D90]. 

Le 1er septembre 2017, une information contre personne non dénommée des chefs d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention de mineur de quinze ans sur la personne de Maëlys DE ARAUJO, commis le 27 août 2017, était ouverte par le Procureur de la République de Grenoble après saisine par le parquet du pôle criminel du Tribunal de Grande Instance de Grenoble.

Le 02 septembre 2017, des traces de divers produits utilisés dans la fabrication des pesticides étaient mises en évidence lors de l’exploitation des scellés. Le même jour, le département de biologie de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale, révélait, à partir du prélèvement réalisé sur le bouton d’allumage des feux du véhicule de Monsieur LELANDAIS, un mélange d’au moins deux profils génétiques correspondant à ceux de Maëlys et de Monsieur LELANDAIS [cote D663, D829].

Monsieur LELANDAIS était alors une nouvelle fois placé en garde-à-vue pour les mêmes faits, le 03 septembre 2017 [cote D666 à D672]. Il confirmait au début de sa première audition avoir dit toute la vérité, mais se trouvait confronté aux éléments nouveaux révélés par les investigations. Il en est ainsi :

  • de l’extinction de son téléphone portable durant la fourchette horaire correspondant à la disparition de Maëlys (qu’il nie avec force, l’attribuant à des problèmes de connexion) ;
  • du fait qu’il aurait été vu jouant avec Maëlys, qui l’aurait appelé « tonton »
  • du fait qu’il se serait débarrassé des vêtements qu’il portait lors de la fête, assurant les avoir tachés ;
  • des griffures qu’il présentait sur le torse, qu’il attribue à des activités de jardinage, postérieures au mariage selon sa mère ;
  • qu’il avait assuré avoir participé aux recherches, alors qu’il avait quitté la salle des fêtes avant le début des recherches ;
  • que l’ADN de Maëlys ait été retrouvé dans son véhicule, pourtant minutieusement nettoyé le lendemain de la disparition de la fillette 

Ce n’est que bien plus tard et confronté aux évidences scientifiques, lors de son interrogatoire du 14 février 2018 que Monsieur LELANDAIS reconnaîtra, en larmes, être l’auteur du meurtre de Maëlys, assurant toutefois que sa mort était accidentelle et involontaire.

C’est durant son placement en détention provisoire que l’hypothèse de l’implication de Nordahl LELANDAIS dans la disparition du Caporal NOYER, le 13 avril 2017, a commencé à être examinée, dans la plus grande discrétion. Pour ces faits, Nordahl LELANDAIS sera mis en garde-à-vue le 18 décembre 2017, à la maison d’arrêt de Saint-Quentin Fallavier, où il était placé en détention provisoire dans le cadre du dossier « Maëlys ». Certains éléments troublants, tels que le fait que son téléphone a borné aux mêmes endroits et aux mêmes moments que celui du Caporal NOYER, n’entameront pas ses dénégations, Monsieur LELANDAIS assurant ne pas connaître le Caporal NOYER et ne l’avoir jamais fait monter dans son véhicule ; les enquêteurs notant toutefois une évolution de ses réponses en fonction des nouveaux éléments qui lui étaient soumis, au cours des 6 séances d’audition. 

Il reconnaîtra plus tard l’avoir fait monter à bord de son véhicule, tout en niant l’avoir assassiné. Enfin, c’est lors du PV d’interrogatoire du 29 mars avec la juge Emmanuelle BOUYE qu’il dira s’être battu avec lui, après qu’Arthur NOYER l’ait agressé sans raison ; le décès intervenant à la suite d’une chute sur le sol. 

Déjà mis en examen pour l’enlèvement et le meurtre de la petite Maëlys, Nordahl LELANDAIS sera mis en examen pour l’assassinat du Caporal NOYER à l’issue de sa garde-à-vue, le 20 décembre 2017.

Missionné dans ces deux affaires pour examiner Nordahl LELANDAIS en dualité avec le Professeur Frédéric ROUILLON, le Docteur Paul BENSUSSAN brossera le portrait d’un homme pénalement responsable, dont la dangerosité était pourtant élevée, à la fois criminologique et psychiatrique en raison de troubles sévères de la personnalité et d’une attirance pédophile réelle bien que non exclusive.

Nordahl LELANDAIS sera reconnu coupable et condamné dans les deux affaires :

  • pour l’homicide volontaire du Caporal NOYER, à une peine de 20 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers
  • pour l’enlèvement, la séquestration et le meurtre de la petite Maëlys de ARAUJO, à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans.