Biographie et CV

Le Dr Paul Bensussan, né le 2 octobre 1957 à Mascara (Algérie française), est un psychiatre, expert judiciaire et auteur français reconnu pour son implication dans des affaires judiciaires sensibles et sa réflexion sur les enjeux médico-légaux de l’expertise psychiatrique. Il s’est illustré dans des dossiers complexes, notamment l’affaire d’Outreau, dans laquelle il a contribué à la manifestation de la vérité aux côtés de la défense, ou encore l’affaire Sarah Halimi, tout en développant son expertise dans des champs aussi divers que la délinquance sexuelle, l’aliénation parentale, et la responsabilité pénale des malades mentaux criminels.
Passionné par la psychiatrie légale, son expertise est reconnue en matière pénale comme en matière civile. Son expérience des séparations parentales hautement conflictuelles l’amène à être fréquemment désigné, en matière civile, par les juges aux affaires familiales.

Ses publications sur les allégations d’inceste survenant dans de tels contextes lui ont valu une reconnaissance à un niveau international en matière de psychologie du témoignage. Il a notamment pointé le caractère inducteur des interrogatoires d’enfants conduits par des professionnels non formés aux techniques d’interrogatoire non suggestives et a participé, sur ce thème comme sur bien d’autres, à plusieurs groupes de travail à la Chancellerie et auprès de magistrats. Il a été élevé Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur (Ministère de la Justice, décret du 2 avril 2010).

Formation et parcours académique

Paul Bensussan est diplômé de la faculté de médecine Paris Diderot – Paris VII, où il obtient en 1985 son doctorat en médecine, avant de se spécialiser en psychiatrie. Son rang au concours de l’internat lui offre la possibilité de se former dans les plus prestigieux services de psychiatrie français. Il poursuit son cursus avec le DEA de Neuropsychopharmacologie et psychopathologie des comportements du Professeur Widlöcher à l’Université Pierre et Marie Curie – Paris VI.

Très tôt intéressé par l’expertise psychiatrique, il obtient un Diplôme Universitaire de Criminologie au Kremlin-Bicêtre et complète sa formation par un Diplôme Universitaire de sexologie et santé publique, obtenu en 2001. Il est depuis lors chargé de cours dans le DIU de Sexologie à la Faculté de Médecine Paris V, après avoir été le coordonnateur et principal enseignant du module de Sexologie Médico-légale consacré à la délinquance sexuelle dans le DU de 3ᵉ cycle de l’Université de Médecine Lariboisière Saint-Louis.

Parcours professionnel

Depuis 1996, le Dr Bensussan est expert psychiatre près la Cour d’appel de Versailles. Il est agréé par la Cour de cassation depuis 2007, et par la Cour pénale internationale de La Haye depuis 2011.

En parallèle de ses fonctions judiciaires, il exerce en cabinet libéral à Versailles et partage son temps entre expertises, consultations, publications et missions d’enseignement.

Enseignement et engagement académique

Chargé d’enseignement depuis 2000, Paul Bensussan a formé de nombreux étudiants et professionnels aux spécificités de la psychiatrie légale. Il a enseigné à la faculté de médecine Lariboisière Saint-Louis (Université Paris Diderot) avant de rejoindre l’Université Paris Descartes – Paris V en 2016.

Il intervient notamment dans le cadre du Diplôme Inter-Universitaire de sexologie et anime des modules spécialisés sur la délinquance sexuelle et les dérives familiales.

Affaires sensibles

L’affaire d’Outreau a marqué un tournant dans sa carrière. Sollicité comme témoin de la défense, il a procédé à une lecture critique des expertises psychologiques judiciaires, dont il a révélé les faiblesses et biais méthodologiques. Il a contribué, par l’ouvrage éponyme, à mettre en évidence la “dictature de l’émotion” dans certains procès médiatisés.

Dans l’affaire Sarah Halimi, il a fait partie des experts qui ont conclu à l’irresponsabilité pénale du meurtrier en raison d’une bouffée délirante aiguë, une décision qui suscitera un émoi national et le besoin d’une évolution législative. Il sera de ce fait entendu par la Commission des lois au sujet du projet de loi n° 4387 ayant abouti à la loi du 24 janvier 2022, relative à la responsabilité pénale.

Ses interventions dans des affaires familiales complexes l’ont également conduit à alerter sur les risques de fausses allégations d’abus sexuels lors de séparations parentales conflictuelles. Le “processus de contamination par l’interrogatoire” conduit, lors de la multiplication d’interrogatoires domestiques par un parent inquiet, à l’inflation des révélations, dont il importe alors d’analyser la fiabilité sans a priori idéologique. De même, le Docteur Bensussan considère comme une véritable forme de maltraitance l’existence, dans certaines situations, d’abus psychologiques de l’enfant.
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Publications et travaux de recherche

Le Docteur Bensussan a publié plusieurs essais, dont le premier, “Inceste, le piège du soupçon”, a contribué, bien avant l’affaire d’Outreau, à sensibiliser professionnels et magistrats aux risques inhérents aux allégations d’inceste surgissant lors de séparations parentales.

“La Dictature de l’émotion”, “Le Désir criminel”, co-écrits avec des avocats, ont largement contribué à la critique de l’idéologie dans le domaine psycho-légale : le Docteur Bensussan dénonce la position des experts “militants”, quelle que soit la noblesse de la cause, et fait prévaloir la rigueur méthodologique sur les a priori idéologiques.

“Le Nouveau code de la sexualité”, publié chez Odile Jacob, offrait une réflexion sur de nombreux champs de la délinquance sexuelle, annonçant des évolutions législatives qui se confirmeront par la suite (délai de prescription des crimes sexuels sur mineurs, pénalisation du client de prostituée, réflexion sur le consentement amoureux…).
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Le Docteur Bensussan défend une vision exigeante de l’expertise psychiatrique : celle d’un regard neutre et rigoureux, libre de tout a priori idéologique et affranchi de la pression médiatique.

S’il a parfois été au cœur de polémiques, il a toujours affirmé l’attachement à sa liberté de pensée, la nécessité pour l’expert judiciaire de se concentrer sur les faits et les dynamiques psychiques, en laissant au juge le soin de trancher.

Son parcours illustre les défis auxquels sont confrontés les experts psychiatres intervenant dans des affaires judiciaires sensibles, où la frontière entre vérité psychologique et vérité judiciaire est parfois ténue. L’impossibilité de la science psychiatrique d’établir avec certitude une vérité historique explique la prudence du Docteur Bensussan : le doute est ici une exigence, le dogmatisme un danger.